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mercredi 22 novembre 2017

Navire abandonné



C'est un peu comme si le capitaine avait quitté le navire. C'est un peu comme si tout le monde avait abandonné, s'il n'y avait plus personne pour se battre. Souvent, avancer c'était un peu comme un bras de fer avec la vie. Elle me lançait des défis, avec des obstacles, avec toujours de nouveaux objectifs. On se chamaillait comme des enfants qui jouent. Des fois je gagnais, des fois je perdais, mais c'était de bonne guerre. J'ai l'impression qu'on a arrêté de jouer. J'ai l'impression que la vie est devenue folle, qu'elle a gagné une bataille, m'a mise à terre mais que cette fois ci elle continue de me mettre des coups, sans me laisser me relever pour une nouvelle partie différente, même si je dis "d'accord tu as gagné". Elle ne s'arrête pas. Elle ne respecte plus les règles, elle les a changé.

Je suis au sol, je prends des coups et ça devient tellement long que je ne me défends plus en me demandant quand ça va s'arrêter. Je reste là, sans rien faire, en attendant, sans but, sans espoir d'éclaircit. Je suis un peu comme un chien. Quand on joue avec lui en le laissant gagner en nous prenant le baton des main il continue de jouer pour essayer des remporter une nouvelle manche. Si on ne le laisse jamais gagner, il se lasse et ne joue plus, ne cherche pas à gagner la manche. J'ai arrêté de jouer. J'ai arrêté d'espérer.

Je ne demande que ça, avancer. Mais avancer vers où ? Vers quoi ? Je n'ai plus rien de stimulant, j'ai tout perdu et tout jeté. Il me reste ces doses d'adrénaline qui creusent un peu plus chaque jour le trou dans lequel je m'enfonce, et puis voilà. C'est tout.

C'est pas que je suis triste. C'est que rien ne me plait. J'attends. Un miracle je crois.

" Pauvre amour, compter les batailles qui t'ont fait mal
Plus d'amour, tous les équipages ont pris le large"