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mardi 18 avril 2017

Quinze


A écouter en boucle.


Il y a souvent un sens à chaque mots dans ce que j'écris ici. Souvent, il y a des choses cachés, des choses assez invisible si on ne sais pas vraiment de quoi il est question. Mais pendant les 2870 jours, j'arrivais à parlais librement. De manière camouflée et souvent incompréhensible mais je parlais. Là j'ai l'impression que j'en arrive au point où je n'ose même plus écrire, je m'auto censure.

Souvent écrire me faisait du bien, me soulager pour quelques jours où du moins quelques heures. J'ai l'impression que c'est de plus en plus inutile. Un peu comme tout le reste en fait. J'ai l'impression que cela fait 5 ans que je m'attelle à détruire tout ce que j'avais construit. C'est un peu extrême peut être, il y a eu des choses positives ces 5 ans. Mais en comparant point par point un week end comme celui là et un week end il y a 5 ans, je me dis que je me suis perdu en route.

J'avais accepté le marché, j'avais accepté de tout mettre de côté, j'avais simplement garder 2 petites heures à moi. Et je m'étais promis de tenir. Bien sûr en éternel insatisfait que je suis j'ai essayé de garder le reste aussi, mais je me suis vite rendu compte que ça ne marchait pas, alors j'ai capitulé, et j'ai effacé tout le reste, tout ce qui fait qu'à présent "le malheur des autres ne m'atteint pas", ni rien d'autre d'ailleurs. Je pense qu'inconsciemment j'ai fait le choix de tout occulter, parce que sinon, c'était pas possible. Alors apparement d'un point côté ça a été plutôt efficace, mais je ne savais pas que ce que ça ferait de moi ... A cette époque là, j'ai blindé tous les aspects de ma vie source de perte de temps et de manque de concentration. Tout sur ces deux heures. Peu après, j'ai découvert un autre moyen de profiter de la vie, un autre échappatoire, qui fait du bien au moral, qui occupe l'esprit, mais qui le fait aussi souffler. Quel que soit la forme que prenait celui ci, les 2h ont perduré, je me l'étais promis.

Finalement, j'ai échoué. Et je crois que c'est là que tout a empiré. Je filais déjà du mauvais coton, mais ça passait. Je crois que ça a été le coup de grâce, ce coup à l'arrière des genoux quand on ne tient pas debout, ce poing dans la face marquant la fin d'un combat de boxe. Depuis, je patauge. Je patauge dans un univers que je ne comprends plus. Je n'ai plus de repère, il ne me restait pas grand chose d'intact, j'avais tout sacrifié, plus ou moins, mais tout avait souffert. Là, j'avais plus rien. Je me suis demandé ce qu'on pouvait perdre quand on avait plus rien, quand on ne contrôlait plus rien. Je crois qu'en fait, on se perd soit-même.

Ma mère m'a souvent dit qu'elle avait peur quand je sortait "parce que j'ai vu un reportage à la télé qui disait que ce sont dans les cursus avec le plus de pression que les déboires sont les pire, justement parce qu'il faut éliminer toute cette pression". Alala, ma petite maman, je t'aime. Mais quelque part je pense qu'elle (ou France5 peut importe) a raison. Moi j'avais de quoi évacuer, puis encore une fois, les exutoires ont pris un virage assez brutal ces derniers temps. Et je ne sais que penser du résultat. Peut être que je réfléchis trop. Peut être que tout est raison de prise de tête chez moi, peut être. Mais quand on arrive à penser oui et non en même temps, je me dit que ça mérite quand même réflection. Je pense qu'il doit y avoir une hiérarchie dans les arguments et qu'il existe donc forcément une réponse, une solution à tout, un équilibre. Du moins j'ai envie d'y croire, parce que sinon, je suis dans la merde. Le problème, c'est que même s'il existe, je ne le trouve pas. Je me dis qu'il y a forcément un moyen d'être heureux, et ça peut paraitre étrange de me voir écrire ça, mais c'est justement parce que je prie pour qu'il y ait une solution que je me démène à la trouver et qu'à chaque désillusion je sombre.

J'ai rapidement compris que souvent il fallait toucher le fond pour pouvoir remonter. Ca souvent été vrai pour moi, dans plein de domaines, dans pleins de circonstances. Penser que ma vie n'as plus de sens après une soirée non reconduite en charmante compagnie c'est démesurée, mais deux jours après c'est passé. Certains auraient peu être eu un petit coup de blues quelques semaines, moi je dramatise, je touche le fond et je remonte plus vite. C'est comme ça que j'ai appris à fonctionner. Là j'ai l'impression que depuis des mois je me me force à garder la tête hors de l'eau (il va sans dire qu'actuellement je suis plus souvent en apnée qu'autre chose, mais bon) et le pire, c'est que les vents changent mais ne s'arrêtent pas pour autant. Je me suis demandé ce que ça ferait d'arrêter de réfléchir, de se battre et de toucher le fond. Alors ces derniers jours, je me suis laissé couler. La chute a été très longue. Et le pire, c'est que je n'ai pas trouvé le fond. Je ne sais même pas si j'aurais assez d'air pour remonter, je vous dirais ça dans la semaine, mais j'espère, je ne veux surtout pas mourir noyé là où j'ai plongé cette fois.

Je garde cette impression malsaine que rien n'a de sens, rien n'a d'importance, je suis une route sans que la destination n'ait une importance, ni la destination, ni les paysages, la manière dont j'y vais. J'ai l'impression que tout est illusion, que plus rien n'arrive à me donner le gout du plaisir. Je vis d'illusion et d'auto-persuasion. J'ai l'impression quoique je fasse (souvent dans l'excès je l'accorde, mais j'ai abord essayé la modération, ça ne marchait pas non plus) le résultat abouti toujours à une petite bactérie silencieuse qui me ronge juste assez lentement pour que ça passe presque inaperçu. Je ne saurais dire quand ça a commencé ni jusqu'où ça va allait. Mais là depuis plusieurs articles déjà, je le dis et le redis, j'ai peur. J'ai rarement eu peur de moi, peur de voir ce qu'il pouvait y avoir en moi, peur de ce que je pouvais devenir. Là c'est le cas. Peut être que je me plains pour rien. Peut-être, surement. Mais quelque chose ne va pas, le sens. Je pense que je ne suis pas aussi fort que je le pensais, et cette fois, je crois pas que j'y arriverais seul. Mais je ne vois pas comment enlever l'arrière goût de cendres que j'ai dans la bouche à longueur de journée. J'ai la bouche sèche. Et je suis épuisé.

Courrier dicté en présence du patient, non relu

"We take all kinds of drugs
it's our way to pretend
that we enjoy the life we've got
sometimes it hurts to pray
to god and other saints"